Vacance d’écriture / j’entrevois un début de réfraction salutaire / le début d’un sur place, un piétinement, l’entraînement à piétiner devant un déferlement de mots – écran / le seuil de l’heure pâle où se tient un délire de mots à contenir
Il me fallait honorer la neige passagère qui a anobli mes paysages – on ne devrait pas vivre à basse altitude, les hivers y sont trop tièdes
Il y a un silence fracassant presque une facilité à retrouver pour se conformer à l’écriture, il s’en faudrait de si peu / histoire de se conforter dans un écrit sûr / dire ce silence qui coulerait de source comme par réflexe de pure feinte
Marcher sans but dans la singulière matité de ce silence qui, en se déposant, participe au nécessaire enfouissement du passé – de tous les passés – dans l’immémorial
La tombée du jour n’a pas besoin de sujet pour aller de soi / voir l’entre autre ou l’autre antre à demi mot ou rester muet devant / Allumer la mèche à mots syndromes à taire / une folle espérance qui laisserait assez de temps pour être-crire , etc-rire…? une courte entre vue même pas bavarde non plus / Fini le deuil de la photo-souvenir déchirée, du mot qui porte à faux / cesser d’écrire, ne plus encombrer la page, rappeler l’être restant. Facile à dire…
« La création est une méditation brève et ardente ». Depuis quelque temps me revenait avec insistance cette parole du peintre Sam Francis, mais je ne parvenais pas à m’en aider. Avant de se remettre à l’ouvrage il y a parfois des latences sur lesquelles la volonté n’a pas de prise
J’ai la page envolée, la page en hypothèque, la rage paginée en cage, du blanc à mettre en page, j’ai pas l’âge de mettre en gage le même âge, tout juste l’âge de saper la page, de passer la page désœuvrée, ça sature. Je tourne la page, je tourne à la page direction l’amplitude du vide
Sous les ciels indéfiniment gris de l’hiver, comme contaminé par eux, il m’est arrivé de trébucher, baisser la tête, ne plus y croire. De n’être plus certain que de mes incertitudes. De n’être que soustraction à l’égard du monde orchestré. Dépossédé du langage, comme si les mots étaient confisqués par les discours dominants, la technocratie
J’accapare un chant d’oiseau / Sollicitude extrême
Parvenu à la forêt, je me consolais à l’idée de fouler d’anciens territoires insoumis, refuges de gueux et autres braconniers qui savaient se mettre à couvert du pouvoir central. J’éprouvais une sorte de vertige horizontal à l’entrée de possibles chemins de traverse
Manœuvre à la marge, pour me délivrer des notes de bas de page, de l’essentiel dans le mot à venir, si tout n’a pas déjà été dit / J’y reviens autrement dit, consentir à la répétition, toujours la même chose, gloses d’écriture. Non ! Contenir la logorrhée, une crue de mots, déferlante de signifiants en chantier, être mots
Je me suis remis à l’atelier peu de temps après être rentré. La peinture est venue d’elle-même, presque à mon insu. Pas de dialectique négative cette fois-ci, j’ai simplement suivi le mouvement
Là aussi, ou autre part un autre parle / rapplique, réplique, se tait et se terre
Et puis il y a eu cette lueur, telle un champ (chant ?) de braises à fleur de terre, sous les branchages. Leur ardeur, mon vertige… une invite à l’échappée. Une aspiration portée au cœur, à rejoindre, à accomplir
Ecris tes ratures / Epure tes ratés
Le moins que l’on puisse faire, c’est de choyer ces braises
Prépare tes cris
Soyons furtifs
Dire c’est taire / Et triture l’écrit d’écru
Ce n’est, à nouveau, qu’un début
Bienvenues à tes pérégrinations, à tes errances, à tes couleurs…..