
Oraisons parce que chaque geste se double d’une incantation pour qu’un peu d’esprit vienne se déposer là, sur quelques centimètres carrés, lorsque le crayon ou le pinceau s’y risque. A quoi ça tient, l’esprit ? Affermir un angle, assouplir une courbe. Rien de mystérieux, jamais, rien de vraiment explicable non plus. Atteindre une position d’équilibre, montrer qu’on en a l’intention, et que ça ne tient qu’à un fil. Un tremblement, un suspens.
Je ne prie rien ni personne, mais auprès de quelle instance est-ce que je mendie cette chance ? Je peins une prière d’insérer, un coin dans la bûche de nos indifférences, un poing serré face à l’inavouable. J’ai l’absolue conviction que le ciel est vide mais comme tout un chacun je ne puis m’empêcher d’y lever le regard, comme pour remercier le hasard de m’avoir convié au miracle qu’est, malgré tout – oui, malgré ce dont nous sommes coupables – la vie des hommes sur terre. Oraisons pour ne pas céder aux terreurs que nous engendrons.
Et puisque d’arbres il est question ci-dessous, oraison rime avec horizon, cette promesse des lointains que renouvelle chaque canopée.